Letter from Haiti

by Thomas C. Fox

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In a letter written Jan. 15, two days after the Haitian earthquake, Lasallian Bernard Collignon described the "horror" he was witnessing in and among the communities in Port-au-Prince. (The following is a rough translation of that letter. The original French letter is below.)

Dear friends,

I just returned from a walk in downtown Port au Prince. What I have seen is unimaginable: thousands of people wandering the streets going nowhere carrying small bundles with their possessions. Decomposing corpses everywhere, single or in heaps. Now they are covered but they are still seen in the wreckage just off any road. This afternoon I saw something unbearable: a dumpster full of rotting corpses. I say a dumpster. Unbearable! The smell of decaying corpses is very strong.

Epidemics are certainly coming. People have transformed all public places into campgrounds. Some have small canvas shelters. Others have nothing.

The government has completely disappeared, whether the task is to collect corpses or to feed people who have lost everything. The UN is no longer present. One gets the impression that it has put all its efforts into finding survivors at their collapsed headquarters. We do not see them elsewhere.

Men with picks and shovels are searching beneath collapsed buildings and pavement. People are trying to help themselves and stay calm but people are being left to themselves. They are alone. Anyone who can is returning to his or her home province. Buses leaving the city are stormed and overcrowded. If you have 70 people crowed inside, you have many more hanging on outside.

All markets are closed. Shortages spawn fear quickly. People look for foreign aid, but they are still waiting. It is yet to come. It has been more than two days since this disaster happened This is apocalyptic!

All the symbols of the state and church have collapsed to the ground. The National Palace has collapsed. The General Tax Directorate is a heap of rubble. The Palace of Justice, the Ministry of Interior, the Ministry of National Education, Foreign Affairs, Status of Women, the Environment, the Municipality of Port au Prince, the Legislative Building [have all collapsed].

The church is no better off. The archbishop was killed in the collapse of his diocesan office. There is almost nothing left of the cathedral. The church of Sacre Coeur, St. Louis King of France, is in ruins. The Villa Manresa, well known to all visitors to Haiti, is unusable. Four people were killed including Ms. Cecile, a French woman who worked for Catholic Education. The Canadian-Haitian College, St. John the Evangelist, St Louis de Gonzague Street center in ruins (one hundred children buried). The Episcopal cathedral is in the same state as her twin Catholic cathedral. Mariani (Daughters of Wisdom) in ruins with six sisters killed. The seminary and CIFOR is in ruins.

The business sisters of St Paul de Chartres school has collapsed; their provincial house is uninhabitable. They fear that the looting had already begun. When one sees all this, it hurts when you think of all the efforts that had gone into building these buildings.

Closer to home in Petion-Ville, are the Brothers of Christian Instruction who have suffered most: their provincial house collapsed on three brothers who were inside. One has not yet been found. Another was removed after a night of suffering. He died shortly after. The third is seriously injured, but there is no a hospital for him. If nothing is done to his crushed foot he will struggle to survive. Their neighbors, the Sisters of Charity of St. Hyacinthe, are totally devastated. We host 9 with us now.

People are haggard. They are lost. Everything that I've told is literally unbearable. All shops, banks are closed. The day will com when we have nothing. For now, we try to share the little that we have. But when we have nothing more to share, when we have no more fuel for our generator what will we do?

And the earth continues to shake ...

We, the brothers, in all this seem privileged. We have suffered minor damage. But we can no longer live as before. The novitiate is habitable. So we went back though we are unable to think of anything but this cataclysm.
Don’t forget Haiti.
Bernard Collignon

Chers amis,
Je reviens de faire un tour au centre ville de Port au Prince. Ce que l'on peut voir est inimaginable : des foules, des milliers de personnes errant dans les rues allant on ne sait où avec un petit baluchon. Des cadavres en décomposition partout, isolés ou en tas. Maintenant, ils sont recouverts mais on en a encore vu dans les décombres juste au bord de la route. Cet après-midi, j'ai vu quelque chose d'insupportable : une benne à ordures remplie de cadavres en décomposition. Je dis bien une benne à ordures. Insoutenable ! Il règne dans de nombreux quartiers une odeur de décomposition très forte. Les épidémies vont arriver. Les gens ont transformé toutes les places publiques en terrain de camping, certains ont une petite toile pour les abriter, d'autres n'ont rien.

L'État a totalement disparu qu'il s'agisse du ramassage des cadavres ou pour donner à manger à ces gens qui ont tout perdu. L'ONU n'est pas plus présente, on a l'impression qu'elle a mis toutes ses forces pour retrouver des survivants dans leur quartier général qui s'est effondré. Mais on ne la voit pas ailleurs. Des hommes avec des pics, des pelles essaient de percer des passages sous les dalles, beaucoup d'entraide, beaucoup de calme mais les gens sont seuls, livrés à eux-mêmes. Tous ceux qui le peuvent regagnent leur province d'origine. Les autobus habituellement surchargés sont pris d'assaut. Si vous avez 70 personnes à l'intérieur, vous en avez autant dehors. Tous les marchés sont fermés, des pénuries sont à craindre assez rapidement. On parle de secours étrangers, on les attend, mais ils ne sont pas encore là et cela va faire deux jours que la catastrophe est arrivée. C'est apocalyptique !

Tous les symboles de l'État et de l'Église sont par terre. Le Palais national s'est affaissé, la DGI (direction générale des impôts) qui joue ici un rôle capital n'est plus qu'un amas de gravas. Le Palais de Justice, le Ministère de l'Intérieur, le Ministère de l'Éducation nationale, des affaires étrangères, de la Condition féminine, de l'environnement, la Mairie de Port au Prince, le Palais législatif.. Seul a tenu le siège du Premier ministre, sa cour est devenu un camp de réfugiés, de sinistrés. Pour l'Église ce n'est pas mieux. Son archevêque a été tué dans l'effondrement de l'évêché, il ne reste pratiquement rien de la cathédrale. L'église du Sacré-C¦ur, St Louis roi de France en ruines. La Villa Manrèse bien connue de tous les visiteurs en Haïti inutilisable. Quatre personnes y ont trouvé la mort dont Mme Cécile, une française qui travaillait pour l'éducation catholique. Le collège Canado-Haïtien, St Jean l'Évangéliste, St Louis de Gonzague, rue du Centre en ruines (une centaine d'enfants ensevelis).

La cathédrale épiscopalienne est dans le même état que sa jumelle catholique. Mariani (Filles de la Sagesse en ruines, six s¦urs tuées). Le séminaire et le CIFOR en ruines. Ce soir j'ai transporté les affaires des s¦urs de St Paul de Chartres de Delmas 33, leur collège s'est effondré, leur maison provinciale est inhabitable. Elles craignent les pillages qui ont déjà commencé. Quand on voit tout cela, on a mal quand on pense à tous les efforts qu'il a fallu faire pour construire ces édifices.

Plus près de chez nous à Pétion-Ville, ce sont les Frères de l'Instruction chrétienne qui ont le plus souffert : leur maison provinciale s'est effondrée sur les trois frères qui s'y trouvaient : un n'a pas encore été retrouvé, l'autre a pu être retiré après une nuit de souffrances, il est décédé peu après (F. Joseph), le troisième est très gravement blessé, mais il n'y pas un hôpital qui fonctionne. Si rien n'est fait pour son pied écrasé, il aura du mal à survivre. Leurs voisines, les S¦urs de la Charité de Ste Hyacinthe sont totalement sinistrées. Nous en hébergeons 9 chez nous en ce moment.

Ceux qui connaissent Port au Prince s'y retrouveront, pour les autres, cela donne une ampleur des dégâts. Les gens semblent hagards, perdus. On les sent même passifs. Demain quand la colère grondera, ce ne sera pas facile à gérer. Mais pour moi tout ce que je vous ai raconté est littéralement insoutenable. On est désarmé. Bientôt nous allons manquer de tout. Comme tous les magasins, les banques sont fermés, viendra un jour où on n'aura plus rien. Pour le moment, on essaie de partager le peu que l'on a. Mais quand nous n'aurons plus rien à partager, quand nous n'aurons plus de carburant pour notre groupe électrogèneŠ que ferons-nous ? Et la terre continue à trembler...

Nous, les Frères, dans tout cela nous apparaissons comme des privilégiés. Des dégâts mineurs. Mais nous ne pouvons plus vivre comme avant. Le noviciat est comme en congé tellement nous sommes retournés, incapables de penser à autre chose qu'à ce cataclysme.

N'oubliez pas Haïti !
Bernard Collignon

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